LA LOI NORMALE DES ERREURS : 
TÊTES ET BUSTES

Plâtre, textile, cordage 
et documentation
2020-2022


 

   Rappelons un principe fondamental de La Loi normale des erreurs : faire correspondre les dimensions d’un cadre vide à celles d’une œuvre spoliée et substituer à cette dernière un format noir sur lequel est écrit son numéro d’indexation. Parmi les milliers d’œuvres saisies, de nombreux sujets picturaux. Natures mortes, paysages, scènes de genres, portraits... Très rapidement, j’ai préféré faire correspondre à chaque cadre une figure (portrait de commande, odalisque, vierge à l’enfant...) plutôt qu’une meule de foin ou de fromage, une vache ou un vase. En effet, la présence humaine favorise bien davantage une relation d’ordre intime et complice avec le propriétaire de l’œuvre que la contemplation d’un sujet renvoyant à l’inerte.

   De ce fait, les œuvres choisies devenaient, en creux, les témoins impuissants des spoliations que subirent les marchands, artistes et collectionneurs et en filant encore davantage, de la situation de tous les Juifs alors persécutés. Quant au sort réservé aux tableaux, il est étrangement similaire à celui subi par leurs propriétaires : déportés, immatriculés, stockés en masse, parfois brûlés sinon lacérés quand il ne sont pas revendus ou échangés…

  La Loi normale de erreurs : Têtes et Bustes
vient enrichir ces récits en incarnant de manière plus évidente encore la tragédie. Les sculptures, patinées d’un noir profond, correspondant à la silhouette ou à des copies d’œuvres spoliées, sont enveloppées de textiles maintenus par des cordages. Au-delà de la référence à la tradition des drapés dans les Beaux-Arts, ces linges apparaissent comme des linceuls et les cordages comme des entraves, cerclant les corps jusqu’à l’asphyxie.  





Raphaël Denis
2014-2025 
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