À l’avant d’un mur blanc, un parpaing est suspendu à une sangle. Tournée sur elle-même à l’extrême avant d’être relâchée, cette dernière entraîne l’objet qu’elle enserre dans un mouvement de plus en plus rapide et violent.      

      La vidéo, au titre rétro-futuriste, s’attarde sur la plus furieuse des rotations, lorsqu’un tour complet du parpaing ne s’exécute qu’en un quart de seconde ; cette séquence en noir et blanc est répétée un millier de fois, aboutissant à une boucle hypnotique de 4 minutes 11 : ROTATION 1000.      
     
   L’œuvre se réfère à l’usage récurrent, souvent gratuit, des matériaux techniques et pratiques comme vocabulaire de base dans l’art contemporain. Flirtant avec la vacuité, la vidéo est une plaisanterie sérieuse, rappelant la façon dont une large frange de l’art français tourne sur lui-même depuis les premiers ready-made de Duchamp, élaborés il y a désormais plus d’un siècle. Puisqu’elle s’affiche comme une « vidéo d’artiste », cette série de six images qui sur Internet ne serait qu’un banal gif, prétend elle-aussi au statut d’œuvre d’art – anoblie par son format et sa présentation, comme le parpaing acheté dans un magasin professionnel de zone industrielle devient œuvre artistique lorsqu’il est exposé dans une galerie, un centre d’art ou un musée.